| Imprimer | |
Forum "Michel Foucault et les résistances" © materiali foucaultiani Réponses de: Miguel de Beistegui, Sandro Mezzadra, Judith Revel 1. Le concept de résistance joue un rôle primaire dans l’analytique du pouvoir développée par Michel Foucault pendant les années 70. Notamment, dans La Volonté de savoir, Foucault souligne la corrélation incontournable entre formes d’exercice du pouvoir et résistances : Là où il y a pouvoir, il y a résistance et […] pourtant, ou plutôt par là même, celle-ci n’est jamais en position d’extériorité par rapport au pouvoir. Faut-il dire qu’on est nécessairement « dans » le pouvoir, qu’on ne lui « échappe » pas, qu’il n’y a pas, par rapport à lui, d’extérieur absolu, parce qu’on serait immanquablement soumis à la loi ? Ou que, l’histoire étant la ruse de la raison, le pouvoir, lui, serait la ruse de l’histoire – celui qui toujours gagne ? Ce serait méconnaître le caractère strictement relationnel des rapports de pouvoir. Ils ne peuvent exister qu’en fonction d’une multiplicité de points de résistance : ceux-ci jouent, dans les relations de pouvoir, le rôle d’adversaire, de cible, d’appui, de saillie pour une prise. Ces points de résistance sont présents partout dans le réseau de pouvoir. (La volonté de savoir, pp. 125-126) Cette idée du rapport entre pouvoir et résistance possédait sans doute une puissante originalité et constituait un élément ultérieur de rupture de la pensée foucaldienne par rapport aux conceptions précédentes du pouvoir. Pourriez-vous indiquer les traits qui, à votre avis, demeurent les plus innovateurs dans cette idée de résistance, et expliquer si (et éventuellement comment) elle peut revêtir, encore aujourd’hui, un intérêt particulier ? 2. La recherche de Foucault a été toujours marquée par un intérêt très fort pour l’actualité. Dans ses interventions, il a fréquemment indiqué ceux qui, à son avis, pouvaient être lus comme points de départ pour des résistances en acte, ou pour des pratiques de résistance possibles. L’individuation de ces « lignes de fragilité » est, d’ailleurs, pour Foucault, l’une des tâches principales du travail de recherche historique et philosophique. Dans Le sujet et le pouvoir, par exemple, Foucault indique certaines pratiques, comme celles de « l’opposition au pouvoir des hommes sur les femmes, des parents sur leurs enfants, de la psychiatrie sur les malades mentaux, de la médicine sur la population, de l’administration sur la manière dont les gens vivent », en les considérant comme une sorte de « catalyseur chimique qui permet de mettre en évidence les relations de pouvoir ». (Le sujet et le pouvoir, pp. 1044-1045) Quelles sont, à votre avis, aujourd’hui, les principales pratiques de résistance en acte et quelles sont, en revanche, les potentielles lignes de transformation à suivre ? En revanche, quelles sont les relations de pouvoir mises en lumière par l’existence de ces pratiques de résistance ? 3. Dans les dernières années de sa recherche, Foucault s’est longuement dédié à l’analyse des pratiques du souci de soi, pratiques qu’il lit – d’une certaine façon – comme formes de résistance possibles à un pouvoir qui a son principal champ d’exercice dans la formation de la subjectivité individuelle. Ainsi, ces formes de résistance pourraient aisément être lues comme des pratiques individuelles. À votre avis, comment pourraient-elles être reliées à ces formes de résistance collective examinées par Foucault dans les années 70, comme par exemple celles liées à l’expérience du G.I.P., auquel Foucault lui-même a participé ? Et, plus en général, comment peut-on concevoir, à votre avis, la relation entre résistances individuelles et résistances collectives ? Réponses de: Miguel de Beistegui, Sandro Mezzadra, Judith Revel |